Après avoir effectué deux pèlerinages à Saint-Jacques-de-Compostelle, je décide de changer pour aller à Rome par la Via Francigena.
Ce chemin est beaucoup moins connu que les caminos de Compostelle.
Cela pose le problème des hébergements plus rares et plus coûteux.
De plus je suis parti en période difficile de la pandémie du COVID-19. J'ai endossé mon sac à dos dès que le déconfinement m'a autorisé à me déplacer à plus de 100 km de chez moi.
Cela a ajouté quelques difficultés :
- les gites communaux ou paroissiaux restaient fermés.
- aucun pèlerin sur les chemins, il est étrange d'être seul sur la totalité du chemin.
Mais il y avait au moins un avantage, les chambres qui étaient ouvertes étaient toutes libres car j'étais le premier et seul pèlerin.
Je ne suis pas parti de Canterbury, impossible de me rendre en Angleterre actuellement, je décide donc de partir d'Arras, ma ville d'adolescence.
4 juin 2020
J'ai choisi de partir avec le strict nécéssaire dans un sac à dos très léger. Un sac d'environ 4 kg sans eau. Cette fois pas de chaussure de rechange pour le soir et cela ne m'a pas manqué. Ma veste étanche très légère a été suffisante malgré les grosses journées de pluie, il n'a jamais fait très froid.
Sur mes 24 jours de marche, j'ai eu environ 6 jours de pluie, d'autres bien nuageuses, mais aussi de belles journées ensoleillées. Heureusement car nous sommes en juin.
Je suis parti avec l'application "via francigena" gratuite en téléchargement. Elle est très bien pour le parcours et évite pas mal d'erreurs, car suivant la région le GR 145 est plus ou moins bien balisé. Par contre elle ne référence pas beaucoup d'hébergement en France. J'avais également le livret d'hébergements et services édité par la FFVF (fédération française de la Via Francigena) A commander sur leur site.
Ma première partie fait 1008 km d'après l'application. Mais j'ai quelquefois pris des raccourcis lorsque le GR 145 faisait de longues boucles, mais sans emprunter de routes fréquentées. Surtout lorsque la fin de l'étape est proche.
1- Arras - Bapaume
2- Bapaume - Peronne
3- Peronne - Seraucourt-le-Grand
4- Seraucourt-le-Grand - Cessières
5- Cessières - Corbeny
6- Corbeny - Reims
7- Reims - Trépail
8- Trépail Germain-la-Ville
9- Germain-la-Ville - Blaize sous Arzillières
10 - Blaize-sous-Arzillières - Rosnay-l'Hopital
11- Rosnay-l'Hôpital - Jaucourt
12 - Jaucourt - Orges
13 - Orges - Marac
14 - Marac - Chalindrey
15 - Chalindrey - Dampierre-sur-Salon
16- Dampierre-sur-Salon - Besançon
17- Besançon - Mouthier-Haute-Pierre
18- Mouthier-Haute-Pierre - Les Fourgs
19- Les Fourgs - Dizy (près de La Sarraz)
20- Dizy - Lausanne
21- Lausanne - Aigle
22- Aigle - Martigny
23- Martigny - Bourg-Saint-Pierre
24- Bourg-Saint-Pierre - Aoste
Ce chemin traverse de bien différents et agréables paysages.
En premier lieu nous avons les paysages tout plat des Hauts-de-France, avec ces grands champs de pommes-de-terre, betteraves et céréales.
C'est la première fois que je randonne dans ma région d'origine. Des églises dont les clochers ont été reconstruits en béton après la première guerre. Certains sont impressionnants.
Évidemment de nombreux cimetières militaires sont présents, français, anglais, américains, canadiens et même allemands. À l'étape les carillons des beffrois annoncent les heures.
Le chemin suit aussi de nombreux canaux, celui de Saint-Quentin, de la Somme, de l'Aisne et bien d'autres. C'est très agréable de marcher le long de ces canaux, mais un peu monotone.
Ensuite arrive les coteaux de Champagne, un peu plus vallonnés avec des vignes célèbres bien sûr mais aussi beaucoup de cultures dans la champagne crayeuse depuis l'avénement des engrais. Des villages superbes, avec les maisons en pans de bois et même certaines églises construites en bois et torchis.
Là aussi, j'ai suivi un canal, celui de Champagne en Bourgogne.
Puis, c'est le Jura avec des étapes plus sportives et très belles. La montée après la traversée de Besançon, puis la vallée de la Loue ont été des étapes splendides. De plus le soleil était de la partie dans cette traversée du Jura. J'ai vu qu'il existait une grande traversée du Jura, une excellente idée pour l'avenir.
Enfin j'arrive à la traversée de la Suisse. Superbe pays, mais assez couteux. Ce qui me convainc de le traverser rapidement.
Une première étape suivant la vallée de l'Orbe, somptueuse. Un petit chemin bien aménagé en sous-bois avec l'Orbe et ses chutes. De belles montées et quelques passages en tunnel. Suit une courte étape pour atteindre Lausanne et visiter un peu la ville. Il faut ensuite longer le très long lac Léman pour atteindre la vallée qui montera au Col-du-Grand-Saint-Bernard.
Enfin les deux dernières étapes très sportives pour cette année qui m'amènent au col (2473 m) avec ses névés et la descente vers Aoste.
Un retour assez compliqué vers Marseille avec de nombreux changements ferroviaires.
En conclusion, un parcours très varié qui aurait mérité plus de soleil.
Ce chemin est rare en hébergements spécifiques pour les pèlerins. De plus cette période de pandémie complique encore plus les choses.
Les gites communaux et accueils religieux restent fermés.
Il ne me reste plus que les hôtels, les gites et chambres d'hôtes et les accueils en famille.
J'ai rarement été en famille d'accueil à cause du fait de déranger, mais cette fois c'était pratiquement une obligation.
Et j'ai été ravi de tous ces accueils. Une chambre et salle de bain sont souvent réservées au pèlerin et les accueillants vous laissent vous reposer sans imposer quoi que ce soit.
Quelques hébergements que j'ai particulièrement apprécié :
- À Rosnay-l'Hôpital, Mr et Mme Mignot vous accueillent avec gentillesse et le maitre de maison vous fait visiter la crypte et l'église avec d'amples explications.
- À Mouthier-Haute-Pierre, au petit chari, Mr et Mme Lebris ont une très bonne formule soirée étape pour pèlerin avec un repas du soir typiquement Franc-Comtois.
- À Dampierre-sur-Salon, des chambres d'hôtes à prix pèlerin toutes neuves, "Au bon vivant". Le repas du soir peut être commandé.
- À Bapaume, l'hôtel "Le Gourmet" vous reçoit très bien avec des prix abordables.
- Au Fourgs, excellent accueil de pèlerins. Malheureusement je suis tombé en période de deuil, mais ils m'ont quand même hébergé et conseillé pour la suite en Suisse.
- À Dizy, en Suisse, un gite dans une ferme écologique, à la famille Devenoge. Excellent prix pour la Suisse.
Et bien d'autres mais qui m'ont moins marqué. Un regret, à Reims tout était fermé, et l'accueil des pèlerins à la cathédrale était également absent.
Dans tous les cas, il est indispensable de réserver la veille pour les accueils en famille. Les coordonnées sont disponibles sur le livret de la FFVF.
26 mai 2021
J'ai attendu que la quarantaine soit levée en Italie pour recommencer mon chemin de Rome. Il faut quand même un test négatif au COVID pour entrer en Italie.
Pas mal de contrôles à la frontière, policiers et douaniers, mais ils sont plus là pour l'immigration que pour les mesures sanitaires.
Enfin, j'arrive à Nus, à quelques km d'Aoste où je commence mon périple (pour des questions d'hébergements moins cher)
Je suis toujours avec un sac à dos très léger, environ 5kg avec l'eau. L'avantage en Italie est que dès que l'on traverse un village il existe un café, donc de quoi avoir de l'eau et se restaurer. Ces cafés sont toujours avec des clients, tout le monde vient prendre au moins un café dans la journée, sans compter les douceurs.
En France dans les petits villages, plus de bistrots ou bar.
Il y a 1004 km pour rejoindre Rome.
Comme guide, j'avais pris La Via Francigena des éditions Terre di Mezzo en version française. Excellent guide qui m'a bien aidé pour les hébergements.
Les hébergements religieux étaient encore frileux pour ouvrir et lorsqu'ils l'étaient ils ne proposaient que le minimum, un lit et la douche. pas de repas ni de cuisine à disposition.
Heureusement, toutes les autres structures étaient ouvertes (particuliers, B&B ou gite)
Quelque soit l'endroit où j'ai dormi, je n'étais que seul dans la chambre ou le dortoir. C'est dire le peu de pèlerins sur le chemin. Je pense avoir rencontré une quarantaine de pèlerins, même en comptant les italiens qui ne faisaient que les 100 derniers km à pied.
1- Nus - Donnas
2- Donnas - Viverone
3- Viverone - Vercelli
4- Vercelli - Tromello
5- Tromello - Pavia
6- Pavia - Corte Sant'Andréa
7- Corte Sant'Andrea - Fiorenzuola d'Arda
8- Fiorenzuola d'Arda - Medesano
9- Medesano - Berceto
10- Berceto - Pontremoli
11- Pontremoli - Ponzano Superiore
12- Ponzano Superiore - Massa
13- Massa - Lucca
14- Lucca - San Miniato
15- San Miniato - San Gimignano
16- San Giminiano - Siena
17- Siena - San Quirico d'Orcia
18- San Quirico d'Orcia - Radicofani
19- Radicofani - Bolsena
20- Bolsena - Viterbo
21- Viterbo - Sutri
22- Sutri - Formello
23- Formello - Roma
Val d'Aoste, une superbe région. Les italiens ont réussi de mettre un beau parcours dans cette vallée étroite alors qu'il y a beaucoup de voies de circulation. Une autoroute, une nationale et le chemin de fer. Des chemins qui traversent des vignes à flanc de coteaux. Pas de tracteurs pour travailler ces vignes. Il n'y a que des hommes qui puissent y travailler.
Le Piémont et ses immensités de rizières. Des étapes toutes planes et des rizières à perte de vue. En plus impossible de faire plus court, il faut contourner les rizières sur des chemins à peine sur-élevés.
La Lombardie les rizières continuent avec des anciens immenses bâtiments servant de dortoirs pour les ouvrières saisonnières, les mondariso. Ces bâtiments abandonnés font penser à des villages fantômes. Visite de la superbe ville de Pavie.
Émilie-Romagne, je retrouve des collines de l'Apennin du Nord. C'est bien agréable après toutes ces toutes ces étapes de plaine. Des superbes journées dans ces montagnes et forêts. Puis je descends le Golfe de Gênes et la Mer de Ligure. Ça sera l'unique fois que je verrai la mer. Passage dans Carrare est ses carrières de marbre blanc célèbres dans le monde.
Toscane, région qui a inspiré tant de peintres et je comprends pourquoi. Des paysages à couper le souffle. Je passe une nuit à Luques, dans une ancienne demeure, chez un amoureux et spécialiste des peintres florentins. J'ai adoré la traversée de la Toscane avec ces vallons et grandes propriétés délimitées par des cyprès. Marche agréable avec des montées et descentes douces, aucune monotonie dans les paysages.
Latium, la fin du pèlerinage approche. beau passage dans la ville de Bolsena, près de l'immense lac de même nom. Mes dernières étapes sont plus courtes, contraint par les hébergements ou pas pressé de terminer ? L'arrivée à Rome aurait mérité un plus beau chemin. Des passages qui font penser à Marseille lors des grèves des éboueurs, mais à Rome pas de grève !!
Une nouvelle fois, j'ai adoré mon pèlerinage malgré le peu de contact avec les italiens (dû au COVID) et la rareté des pèlerins.
L'accueil a toujours été sympathique dans les différents hébergements. Des hébergements très nombreux et économiques par rapport à la France.
Par contre faire attention aux voitures qui ne tiennent aucun compte des marcheurs. La route leur appartient. Et très souvent dans les villages et petites villes, il n'y a pas de trottoirs.
L'arrivée à Rome est décevante et mériterait un meilleur chemin. Il faut longer des routes avec des abords sales.
Par contre la visite de Rome fait oublier cela.
Peu de monde à la place Saint-Pierre et le Testimonium est délivré dans l'anonymat, même pas rempli, à faire à la maison. Il m'aura fallu chercher un certain temps pour trouver la personne qui avait ce document.
Les hébergements religieux étaient encore rares à ouvrir avec le minimum de service.
Mais les particuliers étaient eux content de revoir des pèlerins.
- À Viverone, le B and B San Antonio, un peu cher mais très joli cadre.
- À Pavie, l'auberge Santa Maria de Betlem, tenu par des sœurs. Chambre monacale.
- À Medesano, à l'oratoire Don Bosco, tout est neuf, les travaux sont à peine terminés.
- À Pontremoli, une autre chambre nonacale à l'hospice Santa Lorenzo. J'aime ce genre de chambre.
- Dans la vieille ville de Luques, dans un ancien appartement tenu par un amoureux des peintres florentins. Le B&B la Gemma di Elena.
- Dans la magnifique ville de Sienne, à la résidence Ciompi.